Nous étions une douzaine de personnes, ce dimanche
après-midi de mai, à cheminer vers le château de Chaufaille. Le but de la
promenade était d’évoquer l’histoire de ce lieu et des deux familles qui l’ont
habité, des années 1650 aux années 1970 : les du Burguet de Chaufaille et
ensuite, par alliance, les de Montbron. Mais c’est une promenade parmi des
fantômes puisque la plus grande partie de ce qui a été leur cadre de vie, et
celui d’une partie de mon enfance chez mes grands-parents, a disparu dans les
années 1980. Il n'en reste que des plans (voir celui aquarellé par Alain) et
quelques photos.
D abord, nous sommes descendus (
il faut beaucoup descendre et monter, à Chaufaille) jusqu’à la Boucheuse, où
tout a commencé par une forge actionnée par les eaux de la rivière.
Tous les équipements de la forge
(depuis très longtemps) et les bâtiments de stockage et d’habitation, devenus
plus tard une ferme, ont disparu. Comme l’étang qui s’étendait là.
Disparue aussi la demeure du maître
de forge, qu’on appelait "le vieux château" qui se trouvait sur la
première terrasse. Disparus la plus grande partie des communs associés à cette
maison, dont de superbes écuries.
Seule rescapée, la longère où mes
grands-parents (jardiniers du château) habitaient, dans la partie qui ouvre sur
le passage voûté.
Disparus aussi tous les bâtiments
de la ferme qui a pris le relais de la forge après qu’elle ait cessé son
activité au milieu du 19ème siècle : la grande grange-étable qui
faisait face au bâtiment subsistant, la bergerie, la porcherie qui se
trouvaient sur le terre-plein en remontant vers la métairie appelée maintenant
"hameau Laporte ».
Du Chaufaille des 18ème
et 19ème siècles ne subsistent que la chapelle, reconstruite en
1847-1848 et le nouveau château avec ses dépendances, construit en 1877-1880.
Souvenirs, souvenirs : au
pied du « vieux château" mon grand-père avait son propre potager. Et
avec mes sœurs et mes cousins, pendant toutes les vacances scolaires, nous
passions beaucoup de temps à explorer ce bâtiment, encore en relatif bon état,
malgré des escaliers un peu branlants. Dans la tourelle qui se trouvait tout au
bout, il y avait entre autres, une peau de loup sur un tréteau. Et dans la
pièce à l’étage, le sol était entièrement recouvert de partitions de musique,
de lettres datant du Second Empire (timbres à l’'effigie de Napoléon III) et de
journaux de mode de la même époque dont je me souviens des couvertures ornées
de magnifiques crinolines…
Les loups et leur chasse
occupaient une place importante à Chaufaille : au coin du bâtiment qui
faisait l’angle à proximité de la pièce d’eau (le "canal" ), il y
avait une fosse maçonnée appelée le « trou du loup". Et sur le pignon
du bâtiment à angle droit des écuries, des dizaines de pattes de loup étaient
clouées : anciens trophées de chasse !
Tout cela n’est plus.
Néanmoins, Chaufaille reste un
endroit au charme indéfinissable et toujours apprécié des promeneurs.
Josette BOSSELUT
Tout ce qui est visible sur cette carte postale a
été détruit (à l’exception du bâtiment en bas à droite qui servait pour
les pêcheurs tant que l’étang existait)